Dépression post-partum, 1/3 – Généralités
Dépression post-partum, 1/3 – Généralités
Je lance un gros dossier d’articles dédiés à la dépression post-partum, qui sera composé de 3 parties ! Qu’est-ce que la dépression du post-partum dont on entend de plus en plus parler ? Faut-il la craindre ? Quelles en sont les conséquences après avoir accouché, comment la prendre en charge ? Je vous livre ici mon expérience de sage-femme et de sophrologue sur Grenoble, à propos de cette pathologie à ne pas prendre à la légère !
La période du post-partum
Le post-partum, qu’est-ce que c’est ?
Notre cher ami le Larousse, il nous dit que “le post-partum, c’est la période qui s’étend de l’accouchement jusqu’au retour de couches“. Ce retour de couche, il survient généralement à partir d’un mois – 6 semaines après l’accouchement. Cela correspond tout simplement au retour des règles (qui ne vous ont probablement pas manqué durant les 9 mois de votre grossesse) ! Mais ce retour de couche, il est très variable selon les femmes et sa survenue dépend de plusieurs facteurs, comme si la femme allaite ou non !
Ca, c’est donc la définition un peu générale, un peu théorique ! Mais désormais, on allonge de plus en plus cette durée : à 1 an facile, voire même à 3 ans, pour mieux correspondre à la durée pendant laquelle les femmes vont se remettre de la grossesse et de leur accouchement !
Finalement, la période du post-partum, elle débute donc dès qu’une femme vient d’accoucher, et va durer les premières années de vie de l’enfant 😉 Je vous parlais d’ailleurs de cette période dans mon tout premier article sur ce blog, retrouvez le ici !
Une période aux multiples enjeux
Cette période du post-partum est riche en bouleversements multiples :
- Corporels : une grossesse dure 9 mois, et on dit souvent qu’il faut la même durée voire bien davantage pour que le corps se remette ! Tranchées, lochies (désolée du jargon médical, je ferai un article spécialement dédié à ces sujets !), hémorroïdes, vergetures, cicatrices … le corps de la femme a pu se transformer, et il faut apprendre à accepter ce nouveau corps qui a porté et donné la vie !
- Psychiques : la chute hormonale qui survient après la naissance peut conduire à des changements d’humeur intenses, et le fait de s’occuper d’un bébé peut-être particulièrement éprouvant dans une société qui fait peser beaucoup de culpabilité, le fameux “mauvais parent” !
- Sociétaux : ça y’est, si c’est le premier enfant, le statut de parent devient acté !! Cela peut-être difficile pour les couples d’accéder à ce statut ou de venir le renforcer, beaucoup de mes patientes me confient par exemple qu’elles ne sont plus considérées en tant que femmes, mais en tant que mères …
Baby-blues vs dépression post-partum
Le baby-blues
Si je vous parle de baby-blues, c’est qu’on a souvent tendance à confondre le baby-blues avec la dépression post-partum !
Le baby blues, c’est un événement physiologique, normal. Il touche plus de la moitié des femmes dans les suites de l’accouchement, de 50 à 80% ! Ce baby-blues survient généralement 2 à 5 jours après la naissance, et il correspond tout simplement à la chute des hormones de grossesse. La grossesse est finie, alors il y ‘a un intense remaniement hormonal dans le corps.
On peut d’ailleurs remarquer que le pic est au 3ème jour, lorsque la montée de lait arrive. Les hormones sont en effet en ébullition, qu’on souhaite allaiter ou non ! Il peut durer jusqu’à environ 15 jours après l’accouchement.
Les symptômes du baby-blues
On peut retrouver chez les femmes en plein baby-blues de la fatigue (et en même temps c’est bien normal, elles viennent d’accoucher !), de l’irritabilité et des sautes d’humeur, des angoisses, … Il se caractérise également souvent par un manque de confiance sur la capacité à s’occuper de son bébé, la sensation d’être dépassée …
Des symptômes donc qui sont considérés comme normaux, qui correspondent à ce brusque changement de statut et cette chute hormonale ! Mais attention : il faut veiller à ne pas le banaliser, car ce baby blues peut devenir pathologique s’il se prolonge, en se transformant en dépression post-partum. Et là, les conséquences peuvent être très graves !
Le mal-être ressenti par les mères durant le baby-blues nécessite donc d‘être accompagné et entendu, même si on le considère comme physiologique.
La dépression post-partum
Généralités
La dépression du post-partum, ou dépression post-natale, je viens de le dire, c’est quelque chose qui peut survenir un peu dans la continuité du baby-blues, mais en beaucoup plus grave ! Elle toucherait 10 à 20% des mères en France. Je pense que ce chiffre est sous-estimé, le problème c’est qu’elle n’est pas facile à diagnostiquer car les femmes ne font pas toujours part de leur mal-être … Elle peut déjà durer beaucoup plus longtemps (plusieurs mois, voire plus d’un an !) que le baby blues, et les symptômes bien que similaires seront ressentis comme plus intenses.
La dépression du post-partum est susceptible de toucher des femmes de toutes conditions sociales, de tout âge, que ce soit leur premier ou autre enfant, … elle peut également toucher des femmes qui allaient très bien sur le plan psychologique avant et pendant leur grossesse !
On retrouve quand même des facteurs de risques de survenue de cette pathologie : précarité, isolement, les accouchements vécus comme traumatiques (cela doit particulièrement mettre la puce à l’oreille, on peut même parfois parler de stress post-traumatique !), des situations où la maman s’est retrouvée séparée de son bébé, un baby blues marqué, des antécédents de dépression …
Les symptômes de la dépression post-partum
Dans cette pathologie, on retrouve surtout des symptômes autour de maux qui sont peu habituels pour la personne, ou inexpliqués !
La liste est longue : profonde tristesse sans raison apparente, pleurs fréquents inexpliqués, épuisement permanent, dévalorisation ou culpabilité excessive, irritabilité, anxiété extrême, incapacité à s’occuper de son enfant, absence de plaisir dans les soins donnés, désintérêt pour des activités autrefois appréciées, changement d’appétit, idées suicidaires …
Le sujet était encore il y’a quelques temps tabou pour les mamans (et les papas d’ailleurs, je n’en parle pas mais la dépression post-partum peut également toucher les pères, même si le phénomène est bien moins documenté !). Et effectivement, cela n’est pas facile pour les femmes d’avouer pouvoir avoir envie de tout abandonner, de ne pas être heureuse, alors que la société véhicule une vision où elles sont censées être épanouies dans ce rôle !
Poser le diagnostic
Je vous donne ici un petit lien vers un questionnaire en 10 questions que je trouve très bien fait, afin de sensibiliser les femmes à ce qu’elles ressentent après leur accouchement, et pour pourquoi pas poser le diagnostic afin de se faire prendre en charge. Nous verrons effectivement dans la 2ème partie de cet article les conséquences d’une dépression post-partum, et des pistes pour se faire aider !
Les questions, les voici : il s’agit de se remettre dans le contexte de la dernière semaine passée, avec souvent un choix entre des réponses de type ”très souvent, parfois, de temps en temps, jamais”, …
- J’ai pu rire et prendre les choses du bon côté,
- Je me suis sentie confiance et joyeuse en pensant à l’avenir
- Je me suis reprochée sans raisons d’être responsable que les choses allaient mal
- Je me suis sentie inquiète ou soucieuse sans motif
- Je me suis sentie effrayée ou paniquée sans vraiment de raisons
- J’ai eu tendance à me sentir dépassée par les événements
- Je me suis sentie si malheureuse que j’ai eu des problèmes de sommeil
- Je me suis sentie si malheureuse que j’en ai pleuré
- Je me suis sentie triste ou peu heureuse
- Il m’est arrivé de penser à me faire du mal
Vous qui êtes en train de me lire, que vous soyez en post-partum, en pleine grossesse, le conjoint d’une femme qui vient d’accoucher ou un proche, pensez à ce petit questionnaire bien utile pour poser des mots sur des maux, et pouvoir en discuter !
En conclusion
On l’a vu dans cette 1ère partie d’article, la dépression post-partum survient dans une période de gros bouleversements pour les femmes (et les couples) après l’arrivée de leur bébé. On voit veiller à ne pas la confondre avec le baby-blues, qui lui est physiologique ! Les symptômes peuvent devenir graves et surtout être particulièrement durables dans le temps, donc vigilance !
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Au plaisir d’échanger avec vous sur le sujet,
Camille
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Je suis Camille, ancienne sage-femme et désormais sophrologue et hypnothérapeute sur Grenoble !
J’accompagne les femmes vers leur mieux-être, vers une naissance sereine et une sexualité épanouie.
Pour échangez avec moi, c’est par ici via mon compte instagram ! Les rdvs en ligne c’est par ici, et pour en savoir plus sur comment je travaille et accompagne les femmes, c’est là 🙂