Quel est le bon moment pour avoir un enfant ?

Publié par FF380052 le

Quel est le bon moment pour avoir un enfant ?

Je continue ma collaboration avec la journaliste Valeria Lotti, qui rédige des articles entre autres pour Doctissimo, afin de parler du fabuleux (mais pas toujours rose) monde de la gynécologie et de la périnatalité ! J’ai eu la chance il y a quelques semaines de répondre à quelques questions au sujet du désir d’enfant, et des grossesses tardives ! Je vous laisse découvrir cet article, que vous pouvez également retrouver ici 😉

 

Quel est le bon moment pour avoir un enfant ?

Entre les injonctions sociétales, l’horloge biologique qui tourne et les attentes de nos proches, il est parfois difficile de savoir quel est le bon moment pour démarrer un projet de naissance. Et plus encore, d’être au clair avec son désir d’enfant ou non. La sage-femme et sophrologue Camille Carrel nous apporte son éclairage sur le sujet.

 

Le bon moment pour avoir un enfant est un choix personnel, qui dépend toutefois de plusieurs paramètres, dont l’horloge biologique, la stabilité du couple, être dans de bonnes prédispositions psychologiques et matérielles, mais aussi être animé par le désir de devenir parent, non pas par devoir mais parce que cela suscite une profonde joie en nous. S’il est impossible de donner une réponse claire à la question “Quel est le bon moment pour avoir un enfant ?”, quelques pistes de réflexion ont été explorées avec Camille Carrel, sage-femme et sophrologue à Grenoble.

Le bon moment d’un point de vue physiologique…

Bien qu’elle représente une épée de Damoclès pour de nombreuses femmes, l’horloge biologique est bel et bien réelle. D’un point de vue strictement médical, l’âge le plus fertile pour les femmes se situe entre 20 et 30 ans, avec un pic de fertilité entre 20 et 25 ans. C’est une période où l’on a le plus d’ovocytes et le plus de chances de tomber enceinte au bon moment du cycle. “D’après les statistiques, durant cette tranche d’âge, les femmes auraient 20 à 25% de chance de procréer lorsque le rapport sexuel a lieu durant la période d’ovulation”, précise la sage-femme.

La fertilité des femmes diminue progressivement à partir de 30 ans, puis plus rapidement à partir de 35 ans. Après 40 ans, le taux de fertilité chute autour de 5% environ. “Ce qui ne rend pas une grossesse impossible, il faut le souligner. Bien que les chances soient moindres”, précise la sage-femme. “Cela peut aboutir au recours à certaines techniques, telles que l’insémination artificielle ou une FIV par exemple”, ajoute-t-elle.

  • Les grossesses dites tardives

À partir de 35 ans, les grossesses, d’un point de vue médical, sont qualifiées de tardives. “Certaines femmes qui ont un bébé à partir de 40 ans s’entendent dire par le corps médical que leur grossesse est “gériatrique”. Un qualificatif qui peut être violent à entendre, d’autant plus lorsque les femmes quadragénaires se sentent en pleine forme et bien dans leur peau”, explique Camille Carrel.

Si les grossesses à partir de 35 ans sont dites à risques, c’est parce qu’elles peuvent entraîner, entre autres :

  • Des anomalies chromosomiques ;
  • Une tension artérielle plus élevée (risque de pré-éclampsie) ;
  • Un risque de diabète gestationnel ;
  • Une césarienne ;
  • Une hémorragie à la délivrance.

La sage-femme Camille Carrel tient à préciser que ces risques existent à cause de l’âge certes, mais résultent aussi de facteurs environnementaux. Selon elle, l’âge est un paramètre à prendre en compte, mais il n’est pas le seul facteur de risques. D’autres éléments sont à évaluer dans la santé de la mère et du bébé. “Les femmes ne sont pas qu’un âge, mais un ensemble de critères”, déclare la spécialiste. “Ces grossesses tardives ont tendance à être moins physiologiques et plus médicalisées, même lorsque cela n’est pas nécessaire”, déplore-t-elle.

  • Être maman à 20 ans ou moins

“Si c’était à refaire je ne le ferais pas”. Ces mots très forts, font partie d’un discours que Camille Carrel a beaucoup entendu chez les jeunes mamans. Sans faire de généralités, mais partant de ce que la sage-femme a pu observer, ces jeunes femmes ont le sentiment de s’être oubliées et/ou de ne pas avoir pu suivre les études qu’elles souhaitaient. Étrangement pendant leur grossesse, ces femmes ont, toutefois, peu d’appréhension. “De mon expérience, plus les femmes sont jeunes, moins elles se posent de questions”, relève la sage-femme. “Cette forme d’insouciance fait que l’accouchement et l’allaitement se passent beaucoup mieux”, ajoute la spécialiste.

En revanche, le post-partum peut être plus difficile, du fait que peu de femmes du même âge partagent la même expérience, mais aussi parce qu’elles se retrouvent dans une situation professionnelle par défaut, avec un travail peu rémunérateur par exemple.

Contrairement aux générations précédentes, aujourd’hui les femmes se questionnent beaucoup plus sur leur désir d’enfant. Et bien que la période de fertilité est à prendre en compte, d’autres thématiques entrent en jeu.

  • Comment savoir où j’en suis avec mon désir d’enfant ?

La question est complexe. Notamment, car elle se confronte aux attentes de la société, des parents qui veulent accéder au statut de grand-parents, et à l’idée qui veut que pour être épanoui il faut avoir un enfant. “Néanmoins, si on décide de mettre en route un projet bébé à cause des attentes extérieures et non par désir personnel, les regrets sont souvent inévitables”, souligne la sage-femme. “Malgré tout l’amour que l’on porte à son enfant”, ajoute-t-elle.

Selon la sage-femme, la question que l’on pourrait se poser est “à qui appartient ce désir d’enfant ?”. En effet, il est parfois difficile de faire preuve de discernement, entre les injonctions sociétales et le fait que ce soit l’unique modèle qu’on nous ait montré depuis tout petit. “Il ne faut pas faire un enfant en pensant qu’il va nous apporter un épanouissement ultime, il faut d’abord trouver les clés en soi pour être épanoui”, affirme la spécialiste.

Aussi, dans cette quête du moment idéal pour avoir un enfant, il arrive que l’on attende que tous les critères soient réunis : travail, logement, thérapie en amont, etc. Or, selon Camille Carrel, “le moment parfait risque de ne jamais arriver. Mais bien évidemment, si financièrement on est dans une situation confortable c’est mieux, car les enfants engendrent un coût”.

  • Faire le point en couple

Et le compagnon dans tout cela ? Chez les couples hétérosexuels, les femmes sont souvent plus motrices dans le fait de vouloir un enfant. “Toutefois, mieux vaut être sur la même longueur d’onde afin que les parents soient, tous les deux, le plus épanouis possible à l’arrivée de l’enfant”, précise Camille Carrel. “Quand ce projet de vie n’est pas voulu par l’un des deux partenaires, cela engendre inévitablement des conflits”, ajoute-t-elle.

Il y a aussi l’idée reçue qu’un enfant puisse réparer un couple. Or, “l’arrivée d’un bébé, même lorsqu’elle est voulue et attendue, bouleverse l’ordre des choses”, explique la sage-femme. “C’est pourquoi, le couple nécessite d’être solide en amont”, ajoute-t-elle.

  • Carrière, voyages, travail sur soi… Ces raisons qui amènent à vouloir un enfant plus tardivement

La carrière peut aussi être une source d’épanouissement pour les femmes, ce qui peut renvoyer à plus tard un projet de naissance. De plus, pour beaucoup de parents, il y a également cette idée de vouloir profiter de la vie. “D’autant plus, que la trentaine correspond souvent à une période où certains couples gagnent plus d’argent. Ils peuvent donc se permettre de grands voyages, qui ne vont pas toujours de pair avec l’arrivée d’un bébé”, note la sage-femme. “La maternité peut être perçue comme une forme de privation”, ajoute-t-elle.

Pour certaines personnes, le bon moment pour mettre un bébé en route, c’est après avoir fait un travail sur soi. “Avec l’essor du développement personnel, les gens ont appris à prendre soin d’eux. De plus en plus de personnes ont envie de faire ce travail d’introspection pour aller mieux”, soulève Camille Carrel. “C’est une démarche qui peut faire de meilleurs parents, avec une conscience plus aiguë de ce qui se joue”, ajoute-t-elle. Par conséquent, la volonté d’effectuer un travail sur soi fait aussi reculer cet âge d’accès au premier enfant. “Paradoxalement, bien que les grossesse tardives soient plus à risques, les femmes, grâce à ce travail psychologique, se sentent plus épanouies lors de l’arrivée de leur premier bébé”, conclut la sage-femme.