Interview : une sage femme peut-elle faire des échographies?
Interview : une sage-femme peut-elle faire des échographies ?
J’ai eu la chance il y a quelques jours d’être interviewée par Valéria Lotti, journaliste pour Doctissimo, afin d’échanger autour des échographies gynécologiques et obstétricales et du rôle des sages-femmes ! Je n’ai jamais été tentée pour ma part de passer un diplôme pour en pratiquer davantage, mais c’est vrai que j’aimais bien en faire des petites lors de mon exercice à l’hôpital 😉
Je vous laisse avec la lecture de l’article 😉
Surveillance gynécologique, suivi obstétrical… Les examens intimes rythment la vie d’une femme. Le réflexe est alors de s’adresser à un gynécologue. Mais saviez-vous que les sages-femmes, en fonction de leur niveau de formation, peuvent effectuer des échographies gynécologiques et obstétricales ? Voici plus d’explications avec Camille Carrel, sage-femme et sophrologue spécialisée en périnatalité.
L’échographie est un examen non douloureux qui permet de visualiser en direct ce qu’il se passe à l’intérieur du corps, notamment pour surveiller une grossesse (position et croissance du bébé), ou visualiser les organes du pelvis de la patiente tels que l’utérus, les ovaires, les trompes et la vessie.
Compétences et formation d’une sage-femme
Comme le rapporte le Conseil National de l’Ordre des Sages-femmes, le champ d’intervention de la sage-femme auprès des femmes et des bébés en bonne santé est établi par le code de la santé publique (articles L4151-1 et suivants du Code de la santé publique). Classé dans la catégorie de la profession médicale, ce corps de métier est doté d’un pouvoir de diagnostic et de prescription. En France, les études de sage-femme durent au minimum 6 ans.
La sage-femme intervient auprès des femmes tout au long de leur vie en effectuant des consultations de suivi gynécologique et de prévention. Durant la grossesse, cette professionnelle de la santé accompagne la femme enceinte, en assurant un suivi médical et la surveillance du foetus.
Est-ce que les sages-femmes font des échographies ?
Certaines échographies entrent dans le champs de compétences de la sage-femme formée au cursus initial, d’autres actes d’échographie, en revanche, nécessitent des diplômes complémentaires.
L’échographie gynécologique
Grâce à sa formation initiale, la sage-femme peut pratiquer des échographies gynécologiques. “La réalisation de ces échographies peut être nécessaire pour vérifier la pose d’un stérilet ou observer l’aspect général des ovaires, “, précise Camille Carrel. Dans le cadre de la grossesse, la sage-femme issue de la formation initiale peut réaliser des échographies de surveillance permettant de voir la position du bébé ou de déterminer le volume du liquide amniotique par exemple.
L’échographie obstétricale : la sage-femme doit-elle disposer d’un diplôme inter-universitaire (DIU) ?
Si les sages-femmes répondent à des conditions de diplômes spécifiques, elles sont en mesure de réaliser des échographies obstétricales. Selon la réglementation en vigueur, appuyée par la publication d’un arrêté en avril 2018, les sages-femmes peuvent (en plus des échographies gynécologique et de surveillance) pratiquer des échographies de dépistage si elles disposent d’un diplôme inter-universitaire (DIU) ou universitaire d’échographie en gynécologie obstétrique. Bon à savoir : les sages-femmes titulaires de l’Attestation Universitaire d’échographie Obstétricale, dont le début d’exercice a eu lieu entre 1997 et 2010, peuvent également pratiquer ce type d’examens.
Que ce soit lors d’une échographie de dépistage ou gynécologique, Camille Carrel tient à préciser qu’en cas d’anomalie constatée, la sage-femme a l’obligation d’en informer le médecin. “On dit souvent que les sages-femmes sont les gardiennes de la physiologie. Elles sont présentes lorsque tout va bien, mais ont le devoir d’adresser leurs patientes à des médecins si elles décèlent une pathologie”, précise la sage-femme.
L’échographie de grossesse : comment la sage-femme peut-elle m’accompagner ?
La sage-femme accompagne les femmes enceintes avant la naissance, durant le travail et après l’accouchement. Voici les échographies que cette professionnelle de la santé peut réaliser dans le cadre de la grossesse :
L’échographie de datation par une sage-femme
L’échographie de datation est la toute première échographie. Bien qu’elle soit facultative, elle présente de nombreux avantages. Elle permet de dater avec précision le début de la grossesse, d’avoir une date d’accouchement présumée, mais aussi d’écarter l’hypothèse d’une fausse couche en cas de saignements. Mais ce n’est pas tout, “cet examen est primordial pour dater une grossesse dans le cadre d’une interruption volontaire de grossesse (IVG)”, souligne Camille Carrel. L’échographie de datation peut être réalisée dès la 6ème semaine d’aménorrhée (6 SA) et jusqu’à la 11ème semaine d’aménorrhée (11 SA), avant l’échographie du 1er trimestre.
Les échographies de dépistage obligatoires par une sage-femme
Les sages-femmes titulaires d’un DIU d’échographie gynécologique et obstétrical sont capables d’effectuer les trois échographies de dépistage de la grossesse :
- L’échographie du premier trimestre a lieu entre la 11ème et la 13ème semaine d’aménorrhée et permet d’évaluer les risques de trisomie 21, notamment à travers la mesure de la clarté nucale.
- L’échographie du deuxième trimestre se situe entre la 21ème et la 23ème semaine d’aménorrhée et sert à détecter d’éventuelles malformations du foetus.
- L’échographie du troisième trimestre entre la 31ème et la 33ème semaine d’aménorrhée vérifie que le bébé va bien et qu’il grandit correctement.
En France, ces échographies obligatoires sont prises en charge à 100% par la Sécurité sociale. Bien évidemment, si cela est nécessaire, des échographies complémentaires pourront être réalisées en fonction des antécédents de la patiente et de son profil (diabète gestationnel, grossesse multiple, etc.).
Sage-femme échographiste ou gynéco : qui consulter pour une échographie ?
Il est important de savoir que pour les échographies gynécologiques et de dépistage, il n’y a aucune différence entre la pratique d’une sage-femme titulaire d’un DIU et un gynécologue-obstétricien. “Les sages-femmes et les gynécologues ont le même contenu de formation en ce qui concerne l’échographie”, note Camille Carrel. “Lorsque le suivi gynécologique et le suivi de grossesse concernent des femmes en bonne santé, les compétences du gynécologue et de la sage-femme sont égales”, poursuit la spécialiste.
Certaines femmes font le choix de s’adresser directement à un gynécologue-obstétricien, car en cas de problèmes cela évite d’avoir plusieurs intermédiaires. Camille Carrel rappelle, toutefois, que les gynécologues ont généralement peu de créneaux, avec de surcroît, des délais d’attente souvent très longs. De ce fait, s’adresser à une sage-femme constitue une excellente alternative. “Une sage-femme a souvent plus de disponibilités et peut se permettre de prendre le temps en consultation”, souligne Camille Carrel. “Quant à l’aspect financier, qui n’est pas à sous-estimer pour certaines familles, il est important de noter qu’il y a moins de dépassements d’honoraires chez les sages-femmes”, conclut Camille Carrel.