Péridurale : Comment se rassurer face à la peur ?

Publié par FF380052 le

Comment se rassurer face à la peur de la péridurale ?

J’ai eu la chance il y a quelques semaines d’être interviewée par Valéria Lotti, journaliste pour Parents.fr, afin de vous parler d’une peur assez commune chez les femmes enceintes : celle de la péridurale ! Je vous livre dans cet article quelques informations et des conseils pour se rassurer.

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Selon une étude menée par l’Inserm en 2021, 82,7 % des femmes ont eu recours à l’analgésie péridurale durant leur accouchement. Pourtant, cette anesthésie suscite souvent des peurs et des appréhensions chez la future maman. Comment être rassurée ? Les conseils de Camille Carrel, sage-femme et sophrologue à Grenoble.

 

En France, la péridurale est proposée aux femmes enceintes de manière systématique même si, en l’absence de contre-indication, les futures mamans sont libres de choisir entre un accouchement naturel ou une anesthésie pour réduire les douleurs des contractions et de l’accouchement.
En fin de grossesse, au 8e mois, une consultation d’anesthésie est d’ailleurs programmée dans votre maternité. Ce rendez-vous obligatoire permet à l’anesthésiste de faire le point sur vos antécédents médicaux et de remplir toutes les formalités liées à la pose de la péridurale, et ce, même si vous pensez ne pas y avoir recours.

En effet, il est important de rappeler que la mère peut changer d’avis le jour de l’accouchement, jusqu’au dernier moment.

En quoi consiste la pose de la péridurale pour réduire les douleurs de l’accouchement ?

La péridurale est un moyen analgésique qui permet d’atténuer, voire de supprimer les douleurs liées aux contractions. « À la différence de l’anesthésie générale, où tout est endormi, même la conscience, la péridurale est une anesthésie loco-régionale, qui permet de bloquer la transmission nerveuse uniquement sur une partie du corps », explique la sage-femme. La maman reste parfaitement consciente de tout ce qui se passe.

Mais comment est-elle mise en place ? Le produit anesthésiant est injecté dans l’espace péridural, au niveau de la colonne vertébrale, à proximité de la moelle épinière. « On vient alors engourdir les nerfs, en bas des lombaires, au niveau des vertèbres L4 et L5. Ces nerfs englobent la zone du ventre, du bassin, et par effet de gravité, les jambes », précise Camille Carrel.

Après quelques minutes, le cathéter, dans lequel est injectée une première dose d’anesthésique, est ensuite installé et fixé le long du dos. Le produit agit dans les 15 à 20 minutes après sa pose.

L’aiguille de la péridurale crainte par les futures mamans : pourquoi ne faut-il pas en avoir peur ?

Est-ce que la pose de la péridurale fait mal ?

La péridurale est généralement posée en salle de naissance. Une charlotte et une blouse ouverte à l’arrière sont données à la maman. Un champ stérile est mis en place au niveau de son dos, une fois la future maman assise au bord du lit. « À ce moment-là, une première piqûre avec une aiguille très fine est réalisée, afin d’anesthésier localement la peau », explique la sage-femme. Vient ensuite la piqûre avec l’aiguille de péridurale. Bien que celle-ci, longue de 8 cm, puisse effrayer, la première injection effectuée rend la pose de la péridurale par la suite pas, ou très peu, douloureuse.

« Le plus pénible pour la future maman, c’est de rester immobile, à la demande du médecin anesthésiste, et de ne pas pouvoir bouger pour soulager la douleur des contractions, note la sage-femme. Or, lorsqu’elles ont mal, les femmes enceintes ont envie d’aller marcher, de se mettre accroupies ou à quatre pattes. »

À noter : si la douleur est vraiment insupportable, demandez à l’anesthésiste si vous pouvez vous allonger sur le côté. Certains d’entre eux sont formés à la pose de la péridurale dans cette position.

Combien de temps dure l’effet de la péridurale et par quels moyens ?

Pour maintenir l’analgésie jusqu’à la naissance, il existe deux options :

 L’injection via une pompe sécurisée, avec laquelle la future maman peut s’administrer elle-même une dose quand elle en ressent le besoin. « Par ce système, la femme enceinte reste actrice de son accouchement. Elle peut doser et trouver un équilibre entre le ressenti de ses sensations et la gestion de la douleur », déclare la sage-femme.

 L’injection en continu par un pousse-seringue automatique.

Quelle que soit la méthode, il est important de rappeler que l’analgésie péridurale est modulable en intensité et en durée au cours du travail. « Après une première dose de produit, la femme enceinte peut tout à fait stopper sa diffusion dans le corps si elle estime que cela est suffisant », souligne la spécialiste. Les doses sont bien sûr calculées pour qu’à aucun moment, elles ne soient dangereuses pour la future maman.

Dans quels cas la péridurale est-elle contre-indiquée ?

Dans de très rares cas, selon l’état de santé de la mère, la péridurale peut être contre-indiquée. Parmi ceux-ci :

  • Une malformation au niveau du dos ;
  • Une infection locale sévère, de type acné ou herpès ;
  • Des troubles de la coagulation sanguine ;
  • Une fièvre sévère et inexpliquée ;
  • Des problèmes cardiaques.

Peur panique de la péridurale : les conseils d’une sage-femme pour être plus sereine

Avant l’accouchement : quelles questions poser à l’anesthésiste ?

Plus les mamans sont éclairées sur la pose de la péridurale, plus elles sont rassurées. « Je leur conseille de préparer une liste de questions à apporter lors du rendez-vous avec l’anesthésiste au 8e mois de grossesse », préconise la spécialiste. Voici quelques exemples :

– Est-ce que mon conjoint peut être présent durant la pose de la péridurale ?

– Est-ce que je peux me mettre sur le côté ?

– Quels sont les effets secondaires de la péridurale ?

– Est-ce que je bénéficierai du système de pompe pour gérer moi-même l’administration de l’analgésique ?

– Est-ce que, dans cette maternité, il y a un protocole de péridurale déambulatoire ?

Il se peut, néanmoins, que cette consultation soit très rapide. « Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès des professionnels de santé, comme votre sage-femme ou votre gynécologue-obstétricien, qui vous accompagnent pour votre suivi de grossesse », insiste la sage-femme.

La préparation à la naissance et les méthodes complémentaires pour détourner son appréhension

Toutes les méthodes, comme la sophrologie pratiquée durant la grossesse, qui vont permettre à la femme enceinte de se mettre dans sa bulle, sont à privilégier. « La maman peut écouter de la musique dans un casque audio, pratiquer la visualisation, la respiration abdominale, etc. Ces techniques sont d’ailleurs valables pour toute la durée du travail », explique Camille Carrel.

Il est aussi important de détourner le signal de la douleur. Pour cela, Camille Carrel conseille d’appliquer la méthode du peigne, qui consiste à serrer un peigne dans sa main, les dents contre la paume. « L’idée est de créer une autre douleur, plus légère, pour se concentrer dessus et la contrôler », précise la sage-femme.

Mise en place de la péridurale : être accompagnée pour être apaisée

Il convient également de ne pas être seule. Sauf contre-indication du médecin anesthésiste, le conjoint ou partenaire peut, s’il le souhaite, rester dans la salle pour soutenir la maman, durant la pose de la péridurale. S’il n’est pas forcément juste à côté de la future maman pour des raisons d’hygiène et de sécurité, le fait qu’il soit dans la même pièce peut apporter un réel soulagement à cette dernière. « Si cela n’est pas possible, la femme enceinte peut prendre une peluche ou respirer une odeur qui lui est familière pendant la pose de la péridurale », souligne la sage-femme.

Demander la péridurale au moment voulu

Toutes les femmes ne sont pas égales face à la douleur. S’il n’y a pas de seuil minimal de dilatation à atteindre, l’usage veut que la péridurale soit posée à partir d’une ouverture du col de 3 cm. Si la future maman préfère attendre, elle peut en faire la demande jusqu’au dernier moment. « Et cela, même avec une dilatation du col de 10 cm, tant que le bébé n’est pas encore engagé dans le bassin. En attendant que la dilatation se fasse, on peut proposer à la maman du gaz hilarant par exemple », souligne l’experte. En effet, le protoxyde d’azote permet à la maman de se détendre et de mieux gérer la douleur liée aux contractions. Administré en petites quantités, il est sans danger pour la mère et le bébé. Le fait de savoir que l’on peut demander la péridurale à tout moment peut aussi réduire le stress.

Effets secondaires, souhait d’un accouchement naturel : pourquoi certaines femmes ne veulent-elles pas de la péridurale ?

Rappelons tout d’abord qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’accoucher. « Il faut choisir selon ce qui est plus juste pour nous », affirme l’experte. Plusieurs raisons peuvent amener les futures mères à ne pas choisir cette méthode d’anesthésie. Certaines femmes veulent, dans la mesure du possible, un accouchement moins médicalisé et plus physiologique.

En effet, la péridurale empêche la mobilité et implique une forme de passivité : avec la péridurale, on ne peut presque plus bouger. « Or, le mouvement est indispensable pour aider le bébé à bien se positionner dans le bassin. De ce fait, le travail peut avancer moins vite. C’est pourquoi on évite, si c’est possible, de poser la péridurale trop tôt », souligne Camille Carrel.

Quels sont les effets secondaires et les risques ?

Il arrive que la jeune maman souffre de maux de tête dans les 24 à 48 heures suivant la pose de la péridurale. La mise en place de cette anesthésie peut aussi entraîner un risque d’hypotension qui peut occasionner une mauvaise oxygénation de la maman, et par conséquent, du bébé. Le cœur du bébé est alors surveillé en continu par le biais de monitorings.

Le risque zéro n’existant pas, il peut, dans des cas, extrêmement rares, y avoir une infection ou une paralysie. Mais si les contre-indications sont respectées, ces accidents restent tout à fait exceptionnels. Cette technique, courante et utilisée depuis des décennies en France, est très bien maîtrisée.

Les autres inconvénients de la péridurale

Il faut savoir que sous péridurale, la maman ne peut plus aller aux toilettes comme elle veut. « La femme enceinte n’a plus le contrôle du sphincter de la vessie. Les soignants procèdent alors à un sondage évacuateur : une petite sonde est mise au niveau de l’urètre, note la sage-femme. Beaucoup de femmes ne sont pas au courant de cet effet indésirable et sont prises au dépourvu. » Outre le fait de limiter les mouvements du corps, la péridurale augmente le risque de recours aux méthodes d’extraction instrumentale : forceps, ventouse, etc.

En revanche, si la maman doit subir une césarienne d’urgence en cas de complications au cours de l’accouchement, le fait que la péridurale soit déjà posée évitera la mise en place d’une autre anesthésie, comme une rachianesthésie ou une anesthésie générale, par exemple.

La péridurale déambulatoire : le bon compromis ?

À quelques détails près, la péridurale déambulatoire ressemble à la péridurale classique. C’est le produit administré qui change, puisqu’il comporte des dosages différents et pré-établis. Étant moins dosée, elle permet à la femme enceinte de bouger et de marcher, avec un ressenti de la douleur atténué, mais pas supprimé. « C’est, à mon sens, le meilleur compromis », déclare la spécialiste.

Malheureusement, toutes les maternités ne disposent pas encore de ce dispositif.

Vivre pleinement son accouchement en diminuant les contractions

Selon Camille Carrel, l’utilisation de la péridurale est optimale lorsqu’elle permet à la future maman d’atténuer la douleur, mais de ressentir ce qu’il se passe. « La patiente doit pouvoir garder ses sensations lors des contractions et l’expulsion du bébé. La péridurale doit permettre à la maman de vivre son accouchement plus sereinement, de rester maîtresse d’elle-même et, si possible, d’accueillir bébé dans le bonheur », conclut la sage-femme.

Aujourd’hui, les techniques d’autocontrôle de l’anesthésie, très bien maîtrisées par le corps médical, permettent aux futures mamans d’être actrices de leur accouchement sans trop souffrir. Un véritable bénéfice de la péridurale, non négligeable.