Les contractions : faux travail, vrai travail … on fait le point !

Publié par FF380052 le

Les contractions : faux travail, vrai travail … on fait le point !

J’ai eu la chance il y a quelques semaines d’être interviewée par Valéria Lotti, journaliste pour Doctissimo, afin de vous parler des contractions ! Et pas n’importe lesquelles, des contractions en particulier qui surviennent durant la grossesse, les contractions de Braxton Hicks !

 

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Les contractions de Braxton-Hicks sont très fréquentes pendant la grossesse, contrairement aux contractions dites de travail, qui elles, signalent l’arrivée de l’accouchement. Alors à quoi servent les contractions de Braxton-Hicks ? Et comment les soulager ? Réponses avec Camille Carrel, sage-femme et sophrologue en libéral à Grenoble.

 

Bien avant la date du terme, la femme enceinte peut ressentir des tensions au niveau de l’utérus. Pas d’inquiétude, ce sont probablement des contractions dites de “Braxton-Hicks” qui se manifestent. Un phénomène physiologique tout à fait normal, qui survient fréquemment au cours des 2ème et 3ème trimestres de grossesse.

Que sont les contractions de Braxton-Hicks ?

Pour bien comprendre ce qu’est une contraction, il convient de rappeler que l’utérus est un muscle lisse, qui agit en autonomie. Tout comme le cœur, l’utérus ne peut être contrôlé par l’être humain. La contraction correspond alors au fait que l’utérus s’étire, se contracte et se relâche. « Au cours de la grossesse, l’utérus connaît des phases de croissance et grandit. C’est là, que les contractions de Braxton-Hicks se manifestent », explique la sage-femme Camille Carrel. Parce que l’utérus grandit et change afin de suivre l’évolution du fœtus, il se contracte. Ces étapes de croissance se situent généralement autour de la 10ème, 20ème et 30ème semaine d’aménorrhée. Les futures mamans peuvent donc ressentir les contractions de Braxton-Hicks tout au long de la grossesse, même si celles-ci surviennent davantage à partir du 2ème trimestre.

Comment distinguer les contractions de Braxton-Hicks des contractions de travail ?

Plusieurs signes permettent d’identifier les contractions de Braxton-Hicks :

  • Elles sont peu douloureuses. « Cette douleur peut être comparable à une douleur de règles, à un spasme, à un mal de ventre et/ou des tiraillements », précise la sage-femme. Les contractions font travailler les ligaments qui soutiennent l’utérus, d’où le fait que la future maman peut avoir le bas du dos et les jambes qui tirent. Autre sensation : le ventre qui devient tout dur, évidemment !
  • Elles se manifestent à intervalle irrégulier et long.
  • Elles ne durent pas longtemps : 30 secondes pour chaque contraction environ.
  • Elles n’empêchent pas de parler, ni de bouger.
  • Elles n’ont pas, ou très peu, d’effet sur l’ouverture du col de l’utérus.

Des contractions ou bébé qui bouge ?

Il n’est pas toujours évident de savoir ce qui se passe exactement dans son corps lorsque l’on est enceinte. On peut confondre les mouvements du bébé et les contractions utérines. Alors comment savoir ? Quand bébé bouge ou donne des coups de pieds, le ventre de la maman se durcit d’un côté uniquement.

Accouchement : comment reconnaître des contractions de travail ?

En fin de grossesse, à l’approche du jour du terme, les “vraies” contractions de travail sont beaucoup plus douloureuses, régulières et rapprochées. Les sensations ressenties s’étendent du ventre jusqu’au bas du dos. De plus, contrairement aux “fausses” contractions de Braxton-Hicks, elles modifient progressivement le col et l’aident à s’ouvrir, à raison d’un centimètre environ par heure. C’est ce que l’on appelle la phase de travail.

Quel est le rôle des contractions de Braxton-Hicks ?

Si les contractions de Braxton-Hicks n’ont pas d’impact sur la dilatation du col de l’utérus, à quoi servent-elles ? C’est la question que beaucoup de futures mamans se posent, tant elles ont l’impression que celles-ci surviennent en vain. La faute à l’expression “fausses contractions” par laquelle elles sont souvent désignées. « Je milite pour que l’on cesse d’employer ce terme, qui tend à minimiser ce que peuvent ressentir les femmes », insiste la spécialiste. Selon elle, il est préférable de considérer ce type de contractions comme des contractions d’entraînement, à la fois pour le corps et le mental, en vue de la naissance de votre bébé. « C’est une façon, pour la future maman, de changer l’intention, d’implanter une nouvelle façon de penser et d’être pleinement actrice de sa grossesse », souligne Camille Carrel, sage-femme et sophrologue. Voici donc trois grands avantages liés aux contractions de Braxton-Hicks :

  • Une façon de se préparer aux contractions plus intenses du jour de l’accouchement ;
  • Avoir un aperçu de ce que peuvent être les contractions de travail et ne pas être prise au dépourvu ;
  • Entraîner bébé au mouvement des contractions.

Que faire pour soulager les contractions de Braxton-Hicks ?

Si les contractions de Braxton-Hicks constituent un entraînement, comment les accompagner au mieux lorsqu’elles se manifestent ? Quels sont ces bons réflexes à adopter, à garder précieusement dans sa boîte à outils lors de l’accouchement ? La première chose à faire, selon l’experte, est de se reposer, en s’asseyant ou en s’allongeant. « Comme pour les douleurs de règles, il est possible également de prendre un bain chaud ou de poser une bouillotte sur le ventre pour soulager les douleurs », précise-t-elle. « Les exercices de respiration issus de la sophrologie, tels que “les éventails” sont aussi très efficaces pour accompagner les sensations désagréables », ajoute-t-elle. Côté médicaments, un spasfon peut aussi suffire à calmer les contractions de Braxton-Hicks, puisqu’il est anti-spasmodique. En revanche, il ne sera pas suffisant pour faire passer les “vraies” contractions à l’approche du terme.

Contractions de Braxton-Hicks : quand s’inquiéter ?

Les contractions de Braxton-Hicks peuvent entraîner des complications, si elles deviennent nombreuses et régulières. « Au-delà de 20 à 30 contractions de Braxton-Hicks par jour, à un stade trop précoce de la grossesse, la femme enceinte est mise au repos ou peut-être allitée », note Camille Carrel. Une mesure de précaution nécessaire, puisque les contractions de Braxton-Hicks peuvent évoluer en vraies contractions. Résultat, le col de l’utérus s’ouvre beaucoup trop tôt, constituant une menace d’accouchement prématuré. En cas de doutes, renseignez-vous auprès de votre gynécologue, médecin traitant ou sage-femme.

Contractions utérines : dans quels cas faut-il se rendre à la maternité ?

C’est la grande question que toutes les femmes enceintes se posent à l’approche du terme, surtout lorsqu’il s’agit du premier enfant. Il arrive fréquemment que les futures mamans se rendent à la maternité alors qu’elles sont en phase de pré-travail et que le col de l’utérus n’est pas ouvert. S’il n’y a pas de règles exactes, voici toutefois quelques signes qui montrent qu’il est temps d’aller à la maternité :

  • Quand les contractions deviennent régulières et intenses, au point que les outils à disposition (eau chaude, bain, exercices de respiration, mouvements…) ne parviennent plus à les accompagner.
  • S’il y a rupture de la poche des eaux, il convient d’aller à la maternité dans les deux à trois heures qui suivent pour faire le point.
  • S’il y a des saignements. Le col en se modifiant peut dégager du sang.

Il est important à ce moment-là que la femme enceinte puisse se faire confiance sur ses ressentis et ses sensations corporelles. Si elle ne constate aucun signe de danger, le mieux est d’aller à la maternité le plus tard possible. « La future maman peut ainsi profiter du cadre sécurisant de son chez soi. Être dans un cocon où l’on se sent bien, favorise la production d’ocytocine. Cette hormone du bien-être stimule les contractions utérines et favorise le déclenchement de l’accouchement », conclut la sage-femme.